samedi 24 novembre 2018

L'éducation en Colombie

Vous trouverez dans cet article une petite réflexion sur le système éducatif colombien. 

Je me base sur ce que j'ai pu voir dans l'établissement où je travaille (le Colegio Emilio Valenzuela) et sur des discussions que j'ai pu avoir avec des amis colombiens.
Je ne sais pas si cet établissement scolaire est représentatif des écoles colombiennes... Mais en tous cas, il m'a permis de me rendre compte de certaines particularités du système éducatif colombien.

Le système éducatif colombien :



A la fin du bachillerato, les élèves passent un examen national appelé ICFES (Instituto Colombiano para el Fomento de la Educación Superior). 
Il est l'homologue de notre bac et est nécessaire pour intégrer ensuite l'université.

L'éducation est obligatoire de 5 à 15 ans et elle est gratuite dans les établissements publics.

2 calendriers scolaires sont en vigueur : celui basé sur l'année civile (de mi-janvier à mi-novembre) et celui qui ressemble au nôtre (de septembre à juin). L'école où je travaille utilise le calendrier A et les élèves ont donc fini l'année le 22 novembre !

La page Wikipédia sur le système éducatif colombien si vous voulez en savoir davantage !

Le Colegio Emilio Valenzuela : Il s'agit d'une école privée catholique non mixte.

Un colegio, c'est une école privée qui accueille des élèves dès la preescolar ou la primaria et jusqu'au bachillerato.


L'Emilio comprend une "maternelle", une école primaire et un collège-lycée. Elle est très tournée vers les langues. Les élèves commencent l'apprentissage de l'anglais en primaria puis font du français de quarto à noveno (4ème à 9ème année). Pour les 2 dernières années de bachillerato, ils choisissent une autre langue (italien, allemand ou portugais). Ceux qui le souhaitent peuvent continuer le français.


En Colombie, il y a peu de places dans l'enseignement public. Et, il y a énormément d'écoles privées, très chères. 
L'éducation est un vrai business ici. Cela induit donc une façon différente de concevoir l'enseignement : on est dans une politique de réussite à tout prix, étant donné que l'enfant est client ! Les établissements privés fonctionnent comme des entreprises. Il ne faut pas perdre d'élèves, quitte à augmenter leurs résultats pour qu'ils aient la moyenne et réussissent leur année ...

"Le modèle éducatif libéral repose sur les concepts suivants : commercialisation des services éducatifs (OMC), rapport coût-bénéfice/efficacité, financement de l’éducation, accès et couverture, équité, qualité, efficacité, évaluation. Les aspects pédagogiques deviennent secondaires. Le quantitatif (économie et statistiques) l’emporte sur le qualitatif (pédagogique et culturel)".
https://journals.openedition.org/ries/2053

L'enseignement dans le public, quant à lui, n'est pas toujours de très bonne qualité et il y a beaucoup d'élèves par classe (40 parfois). Ce ne sont donc pas les meilleures conditions d'enseignement. Et les élèves en pâtissent.

Et il n'est pas complètement gratuit puisqu'il faut acheter manuels, uniforme et fournitures !


Je ne devrais peut-être pas tenir de tels propos mais parfois j'ai l'impression que ça arrange le gouvernement d'avoir une population peu éduquée. Elle est moins à même de ne pas être d'accord et de montrer son mécontentement !
Beaucoup d'enfants, dont les parents n'ont pas les revenus suffisants, n'ont pas la chance de bénéficier d'un enseignement de qualité. Ou alors, les parents s'endettent à vie pour payer les études de leur enfant !


"Les responsables du système éducatif colombien sont méritants. La situation politique et sécuritaire est, dans certaines régions du pays, chaotique. Et pourtant, des écoles bilingues et biculturelles, amérindiennes et afro-colombiennes, naissent régulièrement, y compris dans les régions les plus reculées du pays. De nombreux défis restent encore à relever : améliorer l’accès à l’éducation aux populations rurales et/ou déplacées par les conflits armés ; améliorer le statut des enseignants ; consolider les processus de décentralisation et d’autonomie, en responsabilisant, encore davantage, les autorités éducatives et administratives locales ; augmenter la participation financière de l’État au secteur public".
https://journals.openedition.org/ries/2053

Actuellement, en Colombie, beaucoup d'universités sont en grève pour sauver le peu d'universités publiques du pays (environ 75 !). 
Les grévistes dénoncent le manque de ressources donnés par l'Etat pour l'enseignement public (moins de 10% du budget alloué à l'éducation revient à l'enseignement supérieur). 
Beaucoup d'enseignants sont vacataires (et non "fonctionnaires") ce qui empêche un travail d'équipe et de recherche continu et de qualité.

Plus je voyage, plus je me rends compte de la chance qu'on a en France en terme d'éducation (même si elle n'est pas parfaite !). L'école est gratuite, l'enseignement de bonne qualité. Il n'y a pas de différence significative entre les zones rurales et les zones urbaines.
En Colombie, je lisais qu'il vaut mieux être "riche et citadin" !!!

En Colombie, le port de l'uniforme est de rigueur, et ce dès la preescolar : 




Voilà les arguments avancés par mes élèves quand on a débattu sur "pour ou contre l'uniforme" : 

  • Il permet de reconnaître l'école où l'élève étudie, car chaque école a un uniforme qui lui est propre. Et bien souvent il y a un écusson de l'école.
  • Il gomme les différences sociales. Tout le monde est habillé de la même façon.
  • Pas besoin de réfléchir à comment s'habiller le matin ! 
  • Mais manque de liberté ... Certains aimeraient pouvoir s'habiller comme ils le souhaitent. Notamment pour affirmer leur personnalité mais parce que l'uniforme n'est pas toujours très confortable !
Et la mixité ?
J'ai remarqué que les élèves ont de nombreux a priori sur l'autre sexe. Les élèves, dans l'ensemble, aiment les classes non mixtes. 
"Les garçons se disputent tout le temps. Ils sont bruyants" 
"Les filles sont pénibles" 

Cela dit, pour les cours de sport et d'art, les classes sont mixtes. Alors pourquoi pas pour les maths et l'espagnol ?
Moi je trouve que la mixité est importante : pour apprendre à vivre avec tous et aussi pour éviter les "problèmes d'hormones" en arrivant à l'Université !

Quand est-il de l'autonomie dans l'apprentissage ?
Je me rappelle ce que m'a dit Andrés, un ami colombien : "En France, vous êtes très autonomes. On vous apprend ça depuis tout petit. Nous, les colombiens, on est beaucoup plus assistés !"
Une amie m'a expliqué que c'est en partie à cause de l'insécurité qui règne en Colombie. Les enfants sont très protégés et couvés notamment pour éviter qu'il ne leur arrive quelque chose. Et c'est aussi en partie culturel.

L'apprentissage du français en Colombie

Beaucoup d'élèves colombiens apprennent le français pour pouvoir ensuite intégrer une université française. Ce qui leur coûte moins cher que de rester dans leur pays, leur garantit un enseignement de qualité et leur donne une expérience à l'étranger ! Même si la vie en France coûte plus chère qu'en Colombie et que les prérequis pour se rendre en France sont très exigeants (7000€ sur un compte pour s'assurer de pouvoir vivre un an en France, visa, niveau B2 en français, etc.)
Mais voilà que le gouvernement français annonce l'augmentation des frais de scolarité pour les étudiants étrangers (hors UE). Le rêve de venir étudier en France s'effondre pour nombre d'entre eux ...
Si vous voulez signer la pétition qui circule pour éviter l'augmentation des frais de scolarité pour les étrangers qui souhaitent étudier en France : c'est ICI.

N'hésitez pas à me faire des retours et/ou à ajouter des précisions si quelque chose m'a échappé (ou que je ne l'ai pas bien comprise !) ...
C'est un thème qui me tient à cœur et je suis avide d'en savoir davantage :)

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